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  • 6 Juin 2014
    par Magali

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Mythe du Far West : le shérif

L’Ouest américain est peuplé de légendes et mythes qui débordent de ses frontières. A en parler, on pense country music, rodéo, blue jeans, vestes à frange, cow boys, hors-la-loi et saloons… non ?

Sur la côte californienne, rien ne renvoie vraiment à cet imaginaire. Alors, on a été surpris en voyant fleurir dans l’arrière-pays ou sur des pelouses à Santa Cruz des panneaux de propagande “votez pour le meilleur shérif”. Non, le shérif n’a pas quitté le Far West !


Le shérif existe toujours

Il n’a plus de cheval. Mais il a gardé son badge en étoile et sa mission sécuritaire. Finis les posters “Wanted” à l’ancienne, il publie ses avis de recherche sur Facebook… Le shérif est un personnage politique local de haute importance aux Etats-Unis. Chose étonnante, héritée de l’histoire : cette force de l’ordre est généralement élue (là où dans d’autres pays, elle serait nommée).

Film de Burt Kennedy en 1969 (source)
Il y a plus de 3 000 shérifs aux US. En général, chaque shérif est ancré à un comté (sous-division d’un état fédéré). Les responsabilités qu’il lui incombe varient d’un endroit à un autre. Il peut s’occuper des tribunaux, des prisons, de la police ou des activités de “coroner”.

Le nouveau shérif du comté de Santa Cruz a été élu cette semaine. Le démocrate Jim Hart remplace son ancien chef, Phil Wowack, qui part à la retraite. L’élection n’a pas déplacé les foules aux urnes. La prochaine aura lieu dans 4 ans.

De Nottingham au Far West

D’où vient le shérif ? De l’Angleterre féodale (petite pensée pour le shérif de Nottingham dans Robin des Bois). Le shérif, c’était le “shire reeve”, un magistrat local chargé de maintenir la paix au nom du roi. En s’installant sur les terres américaines, les colons britanniques l’ont emporté avec eux. La première élection de shérif remonterait à la mi-17ème, en Virginie.

Les siècles passant et l’expansion vers l’Ouest progressant, les bureaux de shérifs ont essaimé, dans un souci d’établir l’ordre public sur des territoires où aucune structure administrative n’existait. Colportée par les Westerns, l’image du shérif dans les villes perdues du Far West est restée gravée dans les esprits. C’est ce que caricature la comédie de 1974 “Blazing Saddles”, restée film-culte aux US :


Le shérif, ce “héro”

Shérif Pat Garrett, connu pour avoir tué
Billy the Kid en 1881 (source)
A quoi ressemble vraiment le shérif ? Dans les séries, c’est un “mec sympa” (Harry Truman, dans Twin Peaks), ou au pire, un gars obligé de devenir un peu féroce dans un monde pas tout rose (Rick Grimes, dans The Walking Dead). Dans la vraie vie, on vous le donne dans le mille : il y a un peu de tout.

Le shérif est garant du “bien” contre le “mal”. Dans une Amérique qui s’est construite sur la dichotomie “bons garçons versus méchants bandits”, il galvanise forcément les passions et les fantasmes. L’histoire montre en fait que certains ont assez facilement traversé la frontière “good/evil”, à coups d’abus de pouvoir et de corruption.

Contre-exemple légendaire aux Etats-Unis : celui d’Henry Plummer qui, après de criminelles histoires de gâchettes, a été élu shérif dans le Montana fin 19ème, puis pendu sans procès pour avoir été le chef présumé d’un gang de voleurs.

Caricature de Shepard Fairey et
Ernesto Yerena (source)

Intègre ou autoritaire ?

L’actuelle Association nationale des Shérifs promeut un modèle de shérif intègre, ayant un vrai rôle citoyen et communautaire. Mais c’est sans compter certaines controverses. Face aux questions de sécurité, certains veulent montrer qu’ils ont de la poigne… peut-être un peu trop.

Un personnage actuel qui agite les débats, c’est celui de Joe Arpaio, shérif en Arizona depuis 1992. Parmi ses “coups” : le relooking des prisonniers en rose et en habits à bandes noires et blanches, comme à l’ancienne. Il s’est auto-proclamé “America’s Toughest Sheriff” et a publié deux livres sur ses méthodes musclées contre le crime. Le New York Times, lui, l’a dénommé “America’s Worst Sheriff“. Institutions et organisations ont questionné maintes fois son bilan, et ses dérives autoritaires.

Zappez les Westerns. Un docu truculent, The Joe Show, est sorti cette année. Il met en lumière ce shérif pas comme les autres, et son marketing d’élu aux positions tranchées :


Et maintenant, envie de gratter derrière d’autres symboles des Etats-Unis ?


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2 réactions
  1. Oh, jamais je n'aurais imaginé qu'il existe encore des shérifs, c'est amusant cela! Merci pour le récit, très intéressant!

    • Et oui ! Il faut s'attendre à tout dans le Far West 😉