Hostens, c’est le souvenir de mes étés d’enfant. Le sable blanc brûlant sur lequel on courait sur la pointe des pieds. Le sirop de menthe servi grâce à des jerricanes d’essence – trop cool. Les paniers en aiguilles de pin. La crapette à l’ombre de midi. On avait gavasse de chance.
Dans ma mémoire, il n’y avait qu’un lac à Hostens – en fait ils sont cinq : Lamothe et Bousquey (les plus grands), Bourg, Bernadas et Grand Bernadas (les petits frères). Ils forment un domaine de loisirs classé espace naturel sensible.
Ce maillage de lacs et de lagunes se déploie sur 600 hectares, dont 140 hectares d’eau. A chaque lac, son activité outdoor : se baigner, camper, pêcher, randonner, se balader à cheval, faire du VTT. Il y a de quoi faire.
Aveu-préambule : je n’aime pas les tours de lac. La rando autour d’un lac, c’est la punition. C’est plat, on tourne en rond. Il n’y a pas de récompense – hum, la même chose sous un autre angle ? Pour que la balade me plaise, il faut que le lac soit très beau ou le tour, très court. Sinon c’est l’apothéose de l’ennui.
Ces derniers mois, je suis allée deux fois à Hostens pour redécouvrir les lieux. J’avais fait le tour du lac de Lamothe il y a longtemps. Mon seul souvenir, c’est que c’était très long. Quand j’y suis retournée, il y avait trop de monde. Déception.
Mon P’tit Crapahut m’a fait m’aventurer autour du lac du Bousquey. Et là : révélation ! Si vous cherchez une balade sauvage en Gironde à base de roseaux et de pins, je vous la recommande.
Un bois d’acacias en fleurs nous accueille. Des pétales se détachent et volent sous les rais du soleil – ambiance Tombeau des Lucioles. Puis un ruisseau nous amène dans une pinède. Les arbres sont très hauts, très beaux. Le lac s’étend face à nous. Un îlot au milieu. Je suis sûre qu’il abrite un trésor.
Il y a tout du paysage typique des landes girondines : les pins, les fougères, la bruyère, les ajoncs, le sol sableux. Et même des séquoias et des cyprès, qui s’entremêlent avec des arbres de type forêt continentale : bouleaux, chênes, châtaigniers. Un bel écrin vert.
On a créé notre sentier à nous pour suivre le plus possible les bords du lac. Ses échancrures forment une sorte de dentelle imprécise. On a sans doute marché beaucoup plus que les 8 km du sentier balisé, mais la vue était meilleure. Avec une pause pique-nique, notre tour a duré 3 heures.
Tout paraît sauvage, naturel, brut. Pourtant les lacs d’Hostens sont d’anciennes mines reconverties dans les années 70-80. Entre 1932 et 1964, 15 millions de tonnes de lignite ont été extraits pour produire 2% de l’électricité française. Ce charbon est proche de la tourbe. On le voit encore affleurer à la surface du sol.
Sous la lumière de la fin d’après-midi, tout faisait merveilleusement illusion. Malgré un sac-à-dos et un enfant-kangourou, je me sentais aussi légère qu’une libellule. La magie opérait.
Les lacs ont ce quelque chose d’immémorial. Comme hérités de la nuit des temps. Le lac du Bousquey n’échappe pas à la règle. C’est le royaume rêvé des pêcheurs, ou des yogis en quête de décor zen. Tout y semble si paisible, serein. Posé depuis l’éternité.
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