Grand bleu. Chaleur. Le ciel est vertigineux. Profond, si grand sans nuage. Bordeaux est en mode vacances. Tout se relaxe, tout se relâche. On flotte dans un océan de chaleur. C’est l’été. Il faut s’enduire de crème solaire et raser les murs en marchant très doucement, ou très vite pour ne pas cuire sur place (chacun sa stratégie).
👆 On capte la lumière, on cherche l’ombre, dans les rues ou les parcs. J’aime photographier les jeux de contrastes, très francs sous le soleil au zénith, plus doux sous la voûte des arbres 👇
Je dis souvent aux gens de venir à Bordeaux au printemps ou à l’automne car à ces saisons-là, on profite du beau temps tout en faisant plus de choses. Mais l’été reste le moment idéal pour forcer l’oisivité, profiter de la ville piannissimo, aller voir l’océan, pique-niquer près des lacs, prendre l’apéro au bord du fleuve. Quelques chroniques d’un été bordelais :
Scène-souvenir. Le disque du soleil a disparu derrière les Chartrons. Le ciel luit. Il est rose, orange, puis violet. Les loupiotes colorées accrochées aux arbres s’illuminent. Les enfants jouent sous une tente. On s’abreuve, on picore, on papote. Les lumières de la ville se noient dans la Garonne. Je suis chez Alriq, c’est samedi soir. La musique va bientôt commencer.
👆 Le coucher du soleil de chez Alriq
Les soirées d’été sont belles à Bordeaux. C’est le moment de traîner, de se perdre, de revisiter la ville, by night. Il fait chaud, c’est agréable, on s’attarde dehors, on boit un dernier verre, non encore un. Le temps se suspend, tout le monde se détend. On n’a pas envie d’aller se coucher.
Passer la soirée en mode guinguette sur la rive droite. Manger en terrasse. Profiter des concerts en plein air festival Relâche tout l’été.
Le serveur a apporté la commande. Le verre glacé du Monaco suinte. La voile beige du parasol suffoque. Nous encore plus. L’évidence nous foudroie subitement : aller boire un coup entre copines en plein soleil place de la Victoire à 15h par une journée caniculaire, ce n’est pas du tout une bonne idée.
Depuis ce jour, j’ai formalisé une carte de l’ombre dans ma tête. Avant de sortir, je me projette : où ce sera le plus frais ? où sera-t-on indemne de toute insolation ? Le vieux Bordeaux est généreux pour ça. Il faut s’enfoncer dans le secret de ses ruelles, la pénombre de ses petites places, d’où on est bien heureux de voir le soleil dorer les pierres blondes sans qu’il nous cuise.
Chercher l’ombre dans les parcs, au bord du fleuve (attention il n’y en a pas beaucoup autour du miroir d’eau et jusqu’au quai des marques), dans le vieux Bordeaux, quartier Saint-Pierre, dans les petites ruelles comme la rue de la vache, ou sur les places, comme celle du Parlement avec sa fontaine.
A 14h, le thermomètre bout. Il ne faut plus bouger. La chaleur ramollit, ralentit tout. Le rideau devant la porte est tiré. Les volets sont fermés. Je vous écris dans l’obscurité, au frais. C’est étrange, le simple fait d’être dans le noir me rafraîchit.
L’été me fait adorer la sieste (la petite sieste tranquille, conseillée, de 20 minutes, qui ferait beaucoup de bien à notre cerveau). J’ai souvent du mal à y succomber : j’ai peur de suivre un lapin blanc, de me retrouver dans un monde merveilleux et que la Terre continue de tourner.
👆 Cadre idéal pour roupiller (ici, Parc de la Chêneraie)
La sieste consciente, celle sous le ciel bleu et les cimes des arbres, où on dort sans vraiment dormir, est bien mieux – moins risquée.
Somnoler à l’ombre des feuillus, dans les parcs. Piquer du nez après un pique-nique sous les pins, sur la côte. Se faire une toile dans les pierres de l’Utopia, le ciné dans la vieille église, place Camille Jullian.
« Ca va tourner à l’orage. » Ma mère disait ça d’un ton sentencieux, je me figeais, regardais le ciel. Quinze minutes plus tard, le tonnerre retentissait. Enfant, ses prédictions irréfutables me fascinaient.
L’orage est un marqueur estival dans le Sud-Ouest, surtout en août. La chaleur s’installe. Elle devient lourde, moite, oppressante, et tourne à l’orage. Les cieux jouent du tambour. Les éclairs tombent. Le spectacle est à la fois terrifiant et magnifique.
Prendre une douche d’orage, mais brève, et rester à l’abri d’une brasserie, du passage Saint-Michel, de la Galerie Bordelaise (au 12 rue Sainte-Catherine), ou mieux : de sa chambre, à écouter la pluie.
L’été, le matin se savoure. Les fenêtres sont grand ouvertes. Le frais entre, la lumière aussi. Les oiseaux chantent, la cafetière aussi. Le matin rassénère (surtout après des démêlés nocturnes avec les moustiques). Notre énergie est à son maximum. Et surtout : on marche à une allure décente dans la rue.
👆 Ombre-fraîcheur du matin
Conserver religieusement la fraîcheur est ma mission de l’été. Tous les matins, je suis le même protocole : aération maximale, création de courants d’air, puis cloisonnement total dès que le soleil tape. Je tente de transformer mon chez moi en glacière.
Ca doit être possible. J’ai lu dans « Bordeaux secret et insolite »* qu’il y en avait une sur l’avenue de Verdun (en allant de Bordeaux à Mérignac, on la voit : c’est la bâtisse en forme de rotonde coiffée par un pin parasol géant, on y gardait de la glace collectée l’hiver pour ravitailler les restos et brasseries, le gardien vivait au-dessus, il devait être pas mal les jours de chaleur).
Profiter du frais le matin à Bordeaux. Combo café / lecture en terrasse, sous son panama, à la buvette du Parc Bordelais (près du lac) ou à l’Orangerie du Jardin Public. Marché matinal.
* « Bordeaux secret et insolite » est un livre de Philippe Prévôt paru édition Les Beaux Jours. A mettre entre les mains des curieux, amateurs de lieux cachés, d’histoires et anecdotes ! Il est dispo à la bibliothèque et sur Amazon.
La plage me fait pas toujours rire. Un août, j’ai failli perdre mon maillot à Lacanau après avoir été attrapée par une vague un peu trop sauvage. Depuis, je suis très méfiante des rouleaux (et des maillots de bain).
J’apprécie les options tranquilles : bouquiner à l’ombre du parasol, nageoter dans les lacs, tremper l’orteil dans le Bassin, m’aventurer sur l’Atlantique quand la houle n’est pas trop folle. C’est ce que j’aime avec Bordeaux. On n’a pas juste un choix de plage. Tous les scénarios sont imaginables.
S’évader au bord de l’eau : lacs médocains, lac de Cazeaux, bassin d’Arcachon ou places océanes. Tester la place de Bordeaux Lac (qui la connaît ? je n’y suis jamais encore allée, j’ai lu le pire comme le meilleur).
L’autre nuit, les étoiles étaient alignées. Une luciole brillait dans la cour. Vous en avez déjà vu, vous ? C’était une première pour Trublion. Moi ça m’a rappelé les nuits d’été de mon enfance, à la campagne, les bruits des grillons, les étoiles filantes, les chauve-souris. C’est un symbole de l’été.
J’ai immortalisé la luciole (voir ci-dessous). Cette photo pourrait tout aussi bien être celle d’une LED dans mon salon ou un montage Power Point d’un point vert fluo sur fond noir. Vous vous fierez ou pas à mon hônneteté – concept très pixélisé du 21ème siècle. Mais je vous l’assure. C’est bien une luciole. Elles existent.
👆 La luciole immortalisée
Voir les lumières de la nuit. Faire une balade nocturne sur les quais, avec les lumières qui se reflètent dans la Garonne. Monter dans la grande roue, en ce moment sur la place des Quinconces. Voir la métropole s’étaler devant soi, depuis Bouliac et son super point de vue près de l’église.
Qu’est-ce que vous aimez faire l’été ?
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