L’hiver et moi, ça a toujours été une histoire difficile. A Paris, le froid avait sur moi un effet redoutable. Mes amis savaient qu’il fallait régulièrement me ranimer avec un coq au vin, histoire de me faire tenir. J’ai vécu un an à Amsterdam, j’ai une image de moi bloquée sur un pont à bicyclette par un vent glacial – à jamais.
Mon premier hiver en France, à mon retour de Californie, a été pénible. Le second, je l’ai passé en compagnie d’une bouillotte curieuse mais sympathique : ma fille. Ce troisième hiver, je l’ai abordé avec un réel enthousiasme – assez douteux.
J’ai eu un coup de foudre avec l’hiver californien. Visiter la Death Valley en lunettes de soleil, découvrir le fog de SF avec un bonnet de hipster, se baigner dans une piscine à minuit le soir de Noël à San Diego ? Oh oui ! J’ai eu froid en Californie, mais dans des conditions honorables (et mémorables). Se réveiller un matin de décembre dans la beauté du désert de Joshua avec sa couverture gelée (en double épaisseur sur un duvet et trois pulls), ça n’a pas de prix.
L’idée de repasser mes hivers en France m’avait refroidie. Heureusement l’hiver à Bordeaux, c’est pas si terrible. Rien ne m’empêche de boire de la sangria. Pas de bain de minuit à Noël, mais il y a les Antilles de Jonzac. L’espoir de quelques après-midis en pull au soleil fait tenir. En vérité, la douceur des hivers bordelais m’a réconciliée avec l’hiver tout court.
Bordeaux, c’est le Seattle français. L’hiver, c’est humide. C’est la pluie. Ce n’est pas aussi déprimant que dans The Killing ou Heavy Rain (des univers où des cordes d’eau assorties d’un épais brouillard donnent l’idée d’un monde perpétuellement angoissant et où vos nerfs en pelote ne se déroulent jamais). Trublion s’encape tous les matins des pieds à la tête pour enfourcher son vélo. Il a peut-être une version différente.
La pluie adoucit les températures. Ca fait trois hivers à Bordeaux que je passe sans gants. On a le luxe de se dire “ce serait bon d’avoir froid”. J’entends l’eau couler dans les gouttières et sur le toit. Je suis bien sur mon canapé en train de bouquiner. Je rêve de ski, de neige, de fondue savoyarde.
Est-ce corrélé ? J’ai développé une hiver-mania : l’amour de la boisson chaude, le culte des bougies, le travail en poncho, la lecture cosy calée dans mon canapé, les raclettes en série entre amis, les pulls à tête de rêne. Finalement, l’hiver c’est pas si dur, ça peut même être sympa. Un peu plus et je collectionne les décos de Noël.
Bordeaux l’hiver, c’est bon. Bondés l’été, tout le littoral et le Bassin d’Arcachon prennent un autre visage l’hiver, plus sauvage. C’est l’occasion de partir à l’aventure.
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