En bon enfant des eighties, j’ai commencé la photographie avec un compact argentique cheap gagné via un abonnement à un magazine. Mon Hanimex m’a suivi jusqu’à mes années étudiantes.
Mes clichés avaient le charme de la Tour de Pise : horizon pas droit, mauvais cadrage, doigt devant l’objectif, gros contrejours. Des loupés basiques, mais peu importe. Ce qui comptait pour moi, c’était le souvenir.
Basculer dans le numérique a ouvert mon horizon de manière démentielle. C’est grâce à lui que s’est développé mon intérêt pour la photographie. Le numérique, c’est top : tu rates ta photo, tu le vois direct, tu recommences. Jusqu’à ce que le résultat te plaise. Un Noël, mon père m’a offert le cadeau qui tue : un Reflex. Je partais en voyage à La Réunion. Euh… 2 kilos à rajouter dans mon sac-à-dos en rando ? La sueur a perlé sur mon front. Mais une fois lancée sur les sentiers réunionnais, rien ne pouvait plus m’arrêter ^_^
Mon plus gros progrès a été d’arrêter de faire 10 000 photos à tout va. La patience, l’attente, le choix du bon moment ont pris le dessus dans ma pratique. J’ai abandonné le mode automatique pour le mode manuel, le format RAW et le développement des photos via un logiciel. La photo numérique, j’aime ça.
Dernièrement, j’ai eu l’impression de butter sur les mêmes questions, et de stagner. Le dilemme de la photo en pays conquis. La quête du bon ton. L’infinité des possibilités, qui paradoxalement peut devenir une contrainte (c’est comme avoir trop de choix dans un magasin de chaussures).
Un jour, une de mes managers, dans mon premier boulot, m’a dit : quand tu démarres, tu progresses beaucoup d’un coup, puis vient un palier, et tes progrès deviennent plus lents, plus durs. C’est très juste.
Comme un nouveau défi, une alternative, j’en suis venue à l’argentique. C’est un beau moyen de réapprendre, de revenir aux fondamentaux, de retravailler l’essentiel, de s’approprier des appareils différents.
Dans la grande mouvance du vintage, on pourrait se dire « mouais, effet de mode ». J’y vois plutôt une manière d’aborder la photo par un autre bout. L’argentique, c’est beau. Ca a cette touche indescriptible, cette patine hasardeuse et unique, cette dimension parallèle où on a envie de s’aventurer.
J’ai réuni tous les appareils que je pouvais trouver autour de moi : mon vieil Hanimex, le Diana de Trublion, le reflex argentique de mon père, des camera toys, l’Insta de Fujifilm. J’ai mis la main sur des pellicules. Et je bidouille.
Ca fait vraiment plaisir de goûter à quelque chose de nouveau (bien que très antique). Je n’espère pas des résultats foncièrement fous. Mais je vous donne RDV dans quelques temps pour faire un bilan !
Je me suis récemment plongée dans le livre sur le Diana F+ de Lomography, et dans la très chouette Review Argentique de La Fille Renne. J’ai espoir de trouver de bons livres à la bibliothèque – à lire cet été. Si vous avez des références sympas, je prends !
Parallèlement je recherche un labo à Bordeaux qui développe encore à des tarifs honnêtes (le 35 mm, mais aussi le 120). L’idéal serait de développer moi-même, alors je lorgne sur l’association Labo Photo qui fait des stages de développement.
En attendant, reste à lever la peur de déclencher. L’argentique me refait tomber dans cette gêne du débutant, cette réticence au déclenchement. Je rentre dans une sorte de frénésie : je me mets à guetter le bon moment, le bon cadrage. Et à douter. Non, cette photo-là ne sera pas bonne. J’attends. Pas encore. Mais… quand ?
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