L’aventure de l’argentique

Mes débuts en photo ont été argentiques. C'était pas terrible. J'y reviens aujourd'hui par envie. Comme souvent dans mes projets créatifs, je ne sais pas trop dans quelle aventure je me lance. Mais j'y vais. Je vous raconte pourquoi et comment.

En bon enfant des eighties, j’ai commencé la photographie avec un compact argentique cheap gagné via un abonnement à un magazine. Mon Hanimex m’a suivi jusqu’à mes années étudiantes.

Toi, tu photographiais avec quoi dans les années 90 ?

Mes clichés avaient le charme de la Tour de Pise : horizon pas droit, mauvais cadrage, doigt devant l’objectif, gros contrejours. Des loupés basiques, mais peu importe. Ce qui comptait pour moi, c’était le souvenir.

Je me suis amusée à déterrer des négatifs de photos prises quand je vivais à Amsterdam. J’ai l’impression d’avoir 70 ans. Le grain est grossier, les couleurs marronnasses-grisâtres (on dit sepia pour que ça passe mieux). Je replonge dans des souvenirs anciens, c’est très étrange.

L’école du numérique

Basculer dans le numérique a ouvert mon horizon de manière démentielle. C’est grâce à lui que s’est développé mon intérêt pour la photographie. Le numérique, c’est top : tu rates ta photo, tu le vois direct, tu recommences. Jusqu’à ce que le résultat te plaise. Un Noël, mon père m’a offert le cadeau qui tue : un Reflex. Je partais en voyage à La Réunion. Euh… 2 kilos à rajouter dans mon sac-à-dos en rando ? La sueur a perlé sur mon front. Mais une fois lancée sur les sentiers réunionnais, rien ne pouvait plus m’arrêter ^_^

Mon plus gros progrès a été d’arrêter de faire 10 000 photos à tout va. La patience, l’attente, le choix du bon moment ont pris le dessus dans ma pratique. J’ai abandonné le mode automatique pour le mode manuel, le format RAW et le développement des photos via un logiciel. La photo numérique, j’aime ça.

Alors pourquoi refaire de l’analogique ?

L’hiver aux Pays-Bas / Vue de ma chambre d’étudiante

Dernièrement, j’ai eu l’impression de butter sur les mêmes questions, et de stagner. Le dilemme de la photo en pays conquis. La quête du bon ton. L’infinité des possibilités, qui paradoxalement peut devenir une contrainte (c’est comme avoir trop de choix dans un magasin de chaussures).

Un jour, une de mes managers, dans mon premier boulot, m’a dit : quand tu démarres, tu progresses beaucoup d’un coup, puis vient un palier, et tes progrès deviennent plus lents, plus durs. C’est très juste.

Le retour à l’argentique

Comme un nouveau défi, une alternative, j’en suis venue à l’argentique. C’est un beau moyen de réapprendre, de revenir aux fondamentaux, de retravailler l’essentiel, de s’approprier des appareils différents.

Dans la grande mouvance du vintage, on pourrait se dire “mouais, effet de mode”. J’y vois plutôt une manière d’aborder la photo par un autre bout. L’argentique, c’est beau. Ca a cette touche indescriptible, cette patine hasardeuse et unique, cette dimension parallèle où on a envie de s’aventurer.

Hondarribia au Pays basque, en 2005

Mes tâtonnements

J’ai réuni tous les appareils que je pouvais trouver autour de moi : mon vieil Hanimex, le Diana de Trublion, le reflex argentique de mon père, des camera toys, l’Insta de Fujifilm. J’ai mis la main sur des pellicules. Et je bidouille.

 

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Ca fait vraiment plaisir de goûter à quelque chose de nouveau (bien que très antique). Je n’espère pas des résultats foncièrement fous. Mais je vous donne RDV dans quelques temps pour faire un bilan !

 

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Je me suis récemment plongée dans le livre sur le Diana F+ de Lomography, et dans la très chouette Review Argentique de La Fille Renne. J’ai espoir de trouver de bons livres à la bibliothèque – à lire cet été. Si vous avez des références sympas, je prends !

Parallèlement je recherche un labo à Bordeaux qui développe encore à des tarifs honnêtes (le 35 mm, mais aussi le 120). L’idéal serait de développer moi-même, alors je lorgne sur l’association Labo Photo qui fait des stages de développement.

En attendant, reste à lever la peur de déclencher. L’argentique me refait tomber dans cette gêne du débutant, cette réticence au déclenchement. Je rentre dans une sorte de frénésie : je me mets à guetter le bon moment, le bon cadrage. Et à douter. Non, cette photo-là ne sera pas bonne. J’attends. Pas encore. Mais… quand ?

A la fin de la Fête de la Reine à Amsterdam, en 2004

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4 réactions
  1. C’est un très bonne idée 🙂 y’a desmanipulation très sympa à faire lors du developpement! J’ai un copain qui s’était fait un appareil à sur longue exposition, un sténopé, il faisait des chouettes trucs quand même 🙂
    Très bonne idée de faire ça, ça entretien l’oeil du photographe, tu vois ce qui est beau, ce qui rend bien plus facilement.
    Moi aussi j’ai commencé avec un argentique, le chinon de ma mère, j’adorais le moment où tu remonte la bobine et ce clac qui est tellement différent de celui numérique. Mais j’aime aussi beaucoup mon reflex, je process est différent et l’image aussi, ce sont deux choses très différentes 🙂

    • Coucou Poppy ! Aaah sympa le sténopé 🙂 Oui je suis bien d’accord avec toi sur ce charme inimitable. En revanche c’est clair, je ne lâche pas mon Reflex pour autant ^_^ J’avais voulu faire des photos avec le Diana avant de partir de la Californie, et pi la pelloche avait été mal exposée, dommage 🙁

      Magouille
  2. J’espère revenir à l’argentique quand je serai sans activité, je possède un laboratoire n/b que j’ai depuis les années 80, je me suis équipé d’un canon AE1 et d’un AV1 que l’on trouve sur ebay pour des sommes allant de 50 à 80 euros (refaire un bon entretien dessus). Pour des infos sur l’argentique je conseille le site “dans ta cuve” spécialiste pour l’argentique

    Hoyez
    • C’est un atout de développer soi-même ! Même si je suis bien contente que des labos photos aient survécu au numérique, voire reprennent du poil de la bête avec le retour de l’argentique. Oui, je lis aussi Dans Ta Cuve, c’est un super site, ça fait longtemps que je ne suis pas allée dessus – merci de m’y refaire penser ! Bon retour à l’argentique – pour bientôt j’espère ? 😉

      Magouille