« Tu vas trop vite, mademoiselle ; plus doucement, plus doucement ». En vacances, je repense à cette phrase lancée par un vieux Réunionnais me voyant agiter très vite mes petites pattes blanches à tongs sur la lave noire de l’île.
Piano piano, c’est le rythme à s’imposer l’été. Car oui, il faut se l’imposer. Ne pas faire d’effort demande un effort. Dans notre société cadencée, la paresse est une prouesse. Lâcher prise, un défi.
La réalisation ultime, c’est d’être zen, lazy, farniente. Laisser l’esprit se balancer dans un hamac, voler comme une mouette à la plage, sentir l’air passer entre ses neurones comme entre ses doigts de pied.
Se perdre pour mieux trouver.
Le vagabondage des pensées et les rêveries permettraient d’être plus créatif. La magie de la sérendipité fait qu’on peut avoir des idées lumineuses par hasard, en investiguant un autre sujet.
Pas besoin de formule secrète, ni d’onguent à l’odeur suspecte. Nos méninges agissent par elles-mêmes, avec le même éclat qu’une baguette de sorcier.
D’après ces raisonnements, les vacances feraient mûrir tout notre potentiel créatif comme un abricot au soleil. Voyons voir…
Une bête à antennes grimpe sur la toile. Je suis sous la tente. Il fait chaud. Je suis en pause.
Rien de la course effrénée de l’année ne m’atteint plus. J’ai ouvert la soupape de ma charge mentale. Toute la vapeur s’est échappée. C’est bon, très très bon.
Je n’ai (presque) rien à faire, aucun objectif à atteindre. Ah si : n’avoir aucun objectif.
Je lis. Je ris. Tout s’est détendu. Je n’ai qu’une horloge, l’horloge biologique de ma fille. J’applique enfin le sacro-saint conseil : quand votre bébé se repose, il faut se reposer. Dormir ? Faut pas déconner non plus.
✌️ Paresse
★★☆
💡 Créativité
☆☆☆
🔧 Création
☆☆☆
On passe deux nuits dans un gîte à la perturbante ressemblance avec une maison de M6 Déco. Pour la décoration de table au petit déj, on donnerait 9 sur 10 à notre hôte Cathy (pas 10, faut toujours être méchant comme dans Un dîner plus que parfait).
Ce matin d’août, c’est Noël ; des cierges rouges crépitent, des boules satinées lévitent à des endroits stratégiques. J’essaye de me détendre.
Cathy me parle éducation, économie, parité, ménage. Maurice me fait penser à un personnage de BD hyperactif. Ils disent et font 10 000 choses à la seconde. Ma jambe me chatouille.
On me propose un transat, un café, avec un carré de chocolat. Une envie de fuir s’empare de moi.
Vite, je remonte dans la chambre pour rédiger le billet « photo du mois ». Je publie dans un plaisir coupable (plus que si j’avais croqué le carré de chocolat).
✌️ Paresse
★★☆
💡 Créativité
☆☆☆
🔧 Création
★☆☆
Retour à la maison. Je reprends du service sur le blog, ma petite bulle à moi. Qu’est-ce que je pourrais raconter pour ma chronique sur la créativité ?
Vingt jours de cette méthode d’oisivité. Je devrais déborder d’idées. Rien ne me vient. Trou noir. J’entends un écho dans mon cerveau. « HéhO-O-o-o. »
Après toute cette onction de paresse, ma créativité n’a pas progressé d’un iota. Pire : j’ai vraiment envie de ne rien faire. Je n’ai plus à lutter.
Je regarde le ciel.
Bleu.
Le génie jaillit comme un geyser à Yellowstone :
Je dégaine un transat et un carré de chocolat. Je regarde le ciel bleu. C’est bon, je suis au summum de la création.
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