C’est une question qu’on s’est longtemps (et très bêtement) posée. Nous, on ne sait pas partir. On lambine, on se dit au revoir et puis on se re-raconte des choses. Allez, on boit un dernier verre, et puis encore un dernier.
Les Américains (ou peut-être les Californiens seulement ?), eux, quand ils quittent une soirée, sont très efficaces.
Ca a un peu l’effet du dernier métro parisien à attraper. Une seconde, la soirée bat son plein, tout le monde rigole bien, il est encore tôt. Et une seconde plus tard, tout le monde s’est envolé du nid. Un
hug vite fait, parfois à peine un « bye bye » et hop, on est partis. Au début, ça nous laissait perplexes (« peut-être qu’ils ont détesté la soirée…? »). Et puis, avec le temps, on a compris que c’était juste comme ça – une de ces différences culturelles dont on essaie de percer petit à petit l’énigme.
« Don’t overstay »
ne pas être le boulet de fin de soirée
Aux Etats-Unis, pour bien se comporter en société, il est approprié de
ne pas rester trop longtemps («
overstay » en anglais) en soirée – surtout quand on ne se connaît pas trop. On a fini par avoir cette première explication de copains, un jour. En gros, il faut éviter d’être le
buddy squatteur qui t’empêche d’aller roupiller sur ton Epeda en te déroulant toutes ses dernières histoires. En général, il est bien senti de quitter la soirée au moment où d’autres convives partent.
C’est comme ça qu’on s’est rendus compte
des mois après qu’on a grillé le guide des bonnes manières dès notre première
BBQ party (comprendre : soirée-barbecue) chez la chef de Trublion. On a commencé à sentir qu’il fallait qu’on parte. Mais il était encore tôt, et il nous semblait mal poli de partir. Pour bien faire, il aurait fallu qu’on se lève direct et qu’on parte sans s’éterniser. Bref, ce jour-là, on a été les relous qui
overstay.
« Ghosting »
comment éviter un douloureux et inutile goodbye
Pour certains, il est mieux de partir sans s’éterniser.
« Don’t say goodbye to a party. Just ghost », recommande
un journaliste de Slate. Pour lui, il est sympa et marrant de se retrouver, on est contents. Partir est souvent le plus délicat. Alors mieux vaut éviter ce douloureux moment où l’on dit au revoir et tout son lot de choses inutiles. Il faut partir, tout simplement. On dit « filer à l’anglaise ». Les Américains disent
« the Irish goodbye » et les Anglais…
« the French exit ».
On a jamais été autant témoins de ce
phénomène de sortie-fantôme que depuis qu’on vit aux USA. C’est comme quand on suit une série et qu’un des personnages disparaît sans qu’on sache pourquoi. « Mais que lui est-il arrivé ? », se demande-t-on toujours des semaines plus tard. Ca nous est arrivés de voir une personne ouvrir la porte, de commencer à lui faire un signe de au revoir, et hop elle est déjà partie que tu as même pas commencé à lever le bras. Assez cocasse.
Il faut reconnaître un certain avantage à cette manière de faire. Parfois, on aimerait nous aussi savoir dire
« I gotta go », bondir de notre chaise, et juste… partir. Là où très souvent, on ne sait justement pas trop comment dire qu’il faut qu’on parte de peur de froisser les gens (« euh… j’ai piscine ? »).
On a encore beaucoup de choses à apprendre pour préparer notre sortie sous cape…