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Un jardin en Californie

Magie dans l’air

J’ai parmi mes meilleurs souvenirs le fait de me balader dans les rues de Santa Cruz au moment où les jardins explosent et font la fête. Les citronniers, les colibris, les papillons orange, les écureuils, le jasmin et toutes les plantes mystérieuses. Ca ressemblerait presque à un monde enchanté (si on ne faisait pas des rencontres nocturnes de ratons laveurs louches et très en colère).

La lumière te fait la hola et t’enveloppe. On ne dit jamais non à une journée ensoleillée en Californie. C’est comme un câlin qu’on te ferait dès que tu sors de chez toi. Tu te sens bien, ton petit coeur trémousse, et tu t’en vas, guilleret(te), dans les rues bordées de leurs jardinets.

Derrière la barrière en bois

En vivant en Californie, la chance que j’ai eue, c’est d’avoir un jardin “à moi”. Bien à l’abri, pendant deux ans, j’ai vécu une idylle secrète avec lui. Pas le jardinier, hein. Le jardin. Il était rassurant, généreux, toujours plein de surprises. Je l’aimais d’amour. On batifolait bien, tous les deux.

La première fois que je l’ai vu, il était très mal en point. Shooté à l’eau et devenu totalement dépendant, tout le gazon avait brûlé. La première chose que j’ai faite, c’est d’enlever la perfusion de tuyaux (c’était la sécheresse en Californie, fallait pas déconner). Et puis il a réappris à vivre, de lui-même, à petits pas.


Il demandait peu. Aucun caprice et des besoins frugaux. En échange de menus services, il nous offrait de la sauge et du thym pour le barbecue. Et grâce à lui, j’ai appris ce qu’était la bourrache. Cette jolie chose piquante, là, qui peut se consommer en salade :

Là-bas…

Quand je suis partie de Santa Cruz, je lui ai dit au revoir au moins 40 fois. C’était dur de se quitter. Les gens, on peut toujours espérer les revoir ailleurs, sur la planète. Les endroits, on les laisse derrière soi.

Heureusement, on emporte les souvenirs : ceux des pauses dans l’herbe, des lectures au soleil, des brunchs improvisés, des barbecues enfumés…

Un soir, à l’approche de notre départ, j’ai mis en boîte tous ces petits trucs qui n’appartenaient qu’à lui – le vent dans les branches, les ombres sur le mur, les herbes desséchées et les fleurs craquantes. Ca a donné cette vidéo que je partage avec vous pour une minute émotion évasion :


Je repense à lui, souvent. Est-ce qu’il continue de vivre sa petite vie de guerrier de la sécheresse ? Est-ce que des écureuils lui courent toujours sur le haricot ? A chaque fois, je prends un bol d’oxygène en pensée et je déconnecte. C’est comme une éternelle minute de silence.

Magali

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Magali

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