Bloguer par envie,
ou la tambouille du blog
"Laisser décanter" est la championne toute catégorie des expressions que j’utilise le plus. Je l’emploie à toutes les sauces. Mon retour en France a marqué pas mal de doutes autour du blog. Alors j’ai choisi de faire ce que je sais de mieux faire : laisser décanter.
Mon blog avait 3 catégories quand je vivais en Californie : Californie, Ouest USA, Vie aux USA. Comment articuler de nouvelles catégories autour de ça ? J’étais coincée. « Vie en France ? » Mouais, pas super palpitant pour une blogueuse française s’adressant à des Francophones 🙂
J’ai botté en touche. J’ai créé une catégorie fourre-tout : Blog. J’ai tout balancé en vrac dedans. J’ai balayé toute considération éditoriale. J’ai gardé une seule priorité : bloguer pour l’envie.
J’ai continué d’écrire, de faire, d’aimer. Je suis revenue au basique : si on ne blogue pas par passion, ça ne peut pas coller. Je tresse trois brins, trois intérêts : l’écriture, l’image, le code. C’est le fil conducteur de mon goût du bloguage.
Le blog, c’est mon chaudron magique. J’y mets de tout. J’y mets de moi. Je touille. Je laisse mijoter. Ca fume, ça bout, ça accroche dans le fond. Je fais goûter à Trublion, je corrige l’assaisonnement. Parfois c’est raté, c’est trop salé. Je sers le plat, j’attends les commentaires des convives. Quand il n’y en a pas, je me dis que ça devait pas être fameux. Peu importe, je recommence.
* En vrai, mon blog a subi les mêmes aléas que moi à mon retour en France. Questions, doutes, panne d’inspiration, manque de la découverte, du voyage, du dépaysement, manque de l’environnement d’amis et de repères qu’on s’était construits à Santa Cruz… Où vais-je ? Que fais-je ? Qui suis-je ?
Concocter cette « épicerie en vrac » m’a fait le plus grand bien. Ca m’a aidée à me reconcentrer sur ce que j’aime faire. J’espère juste que ça sent pas trop bizarre, maintenant. J’ai un vaste chantier de réorganisation. J’essaye de raccrocher les wagons. Je retravaille le design du blog. Parce que quand même c’est sympa de permettre aux personnes qui passent par ici d’y voir clair.
Il y a des lignes nouvelles qui ont commencé à se dessiner. Comme un schéma qui s’est mis en place, avec toujours ces dénominateurs communs : le goût pour la photographie, l’écriture et le code. Quand j’étais en Californie, je parlais de mes road trips et d’expatriation. Depuis que je suis à Bordeaux, je parle de mes balades et expériences créatives. C’est venu sans préméditation.
J’ai fait ce que j’aime faire : explorer et expérimenter. J’ai fait ce que je sais faire : creuser mon lien avec un lieu, approfondir un sujet. Je trouvais ça creux de parler de ma région. Tout le monde connaît. Je trouvais ça bancal d’articuler ça avec mes projets créatifs. Quel est le lien ? Le fait d’ignorer ces petites voix diaboliques m’a permise de frayer mon petit chemin.
La professionnalisation de la blogosphère et sa montée en compétences font qu’aujourd’hui, pour être lu, suivi, commenté, on peut se sentir sous pression. (En me relisant, je réalise que c’est extrême de dire ça. Est-ce que c’est exagéré ? Perso, je tombe plus souvent des trucs sur le blogging reliés à la réussite qu’à la passion.)
Très souvent, on lit le conseil de trouver sa niche et d’y rester, pour que notre blog réussisse. De quoi se sentir parfois entravée : « flûte, ça rentre pas dans ma ligne édito » (au moins j’ai du Pedigree). Le blog, au départ, c’est pourtant un grand bazar perso, qui abritait des trolls et autres êtres étranges. Le blog, c’était ce qu’on en faisait.
Vous les connaissez eux ?
Le blog porte mes rêves, mes espoirs, mes désirs. Tout ce qu’il y a de plus abstrait. Aujourd’hui, je focalise mes efforts sur mon fourre-tout 2.0 pour qu’il soit un reflet de moi, et que ce soit fun de le nourrir. Je transforme l’étoffe de mes rêves en quelque chose de concret, de construit. Je me suis fait une promesse de me le rappeler. Comme un message inspirationnel épinglé en moi :
Bloguer, c’est s’investir soi, et dans le temps. Cerner ses envies, bâtir quelque chose autour de ça, ça ne se fait que progressivement. Tout ça demande de la patience, de la persévérance. Comme une maison dans laquelle on vit. Y a toujours un truc à construire, entretenir ou réparer.