A part une copine qui nous avait dit adorer le coin de Mendocino, on n’avait eu ici aucun autre écho sur cette zone californienne méconnue. Loin des routes du Sud parfois saturées de touristes, nous attendait une autre atmosphère, plus pur jus, plus mystérieuse, plus « embruns et rondins de bois ». On est revenus sous le charme ! Vous le serez certainement vous aussi.
Journée entière de route On attaque fort, pour monter d’un coup jusque dans le Nord et redescendre ensuite progressivement. La Silicon Valley est dense en trafic, comme toujours. Et ce n’est qu’une fois passée Santa Rosa que l’environnement commence à changer.
On voit le paysage s’étoffer progressivement en arbres. Les collines sèches se muent en collines boisées. Tout devient plus vert. Mendocino County nous tape à l’oeil, joli, vallonné. La végétation est plus diversifiée. Les couleurs de l’automne sont plus présentes. Et le bonus : il n’y a pas grand monde sur la route. On roule, peinards.
Chandelier Drive-Thru Un peu avant Leggett, on s’aventure dans un drive-thru, un des ces séquoias creusés pour y faire passer une voiture. C’est un reliquat du tourisme du début 20ème. Même creusé, l’arbre a continué sa petite vie, toujours vivant, toujours géant. Il est en forme de candélabre, d’où son petit nom. Mention spéciale à la boutique de souvenirs : kistchissime !
On s’arrête prendre de l’essence dans une station minuscule à Leggett. A l’ancienne : la cloche sonne quand on arrive, le gars de la station apparaît pour nous servir, les pompes sont d’un autre temps. On repart pour s’enfoncer dans d’épaisses forêts de séquoias. La route est bordée d’échoppes de souvenirs super kitsch ou autres curiosités touristiques (comment ça, vous avez pas toujours rêvé de voir une maison dans un séquoia ?). De temps à autre, à travers les arbres, on aperçoit la Eel River.
Notre étape de la nuit – Fortuna – nous accueille au coucher du soleil. On a trouvé un bon motel propret où dormir : le Redwood Riverwalk. A deux minutes à pied (chose rare aux USA !) se trouve une bonne adresse : le bar de la brasserie Eel River – Eel River Brewing Tap Room. C’est LE lieu de rendez-vous des familles du coin. L’accueil et l’ambiance y sont très sympas. Tellement qu’on y retourne le lendemain !
On quitte notre hôtel sous un ciel opaque. On traverse Eureka, puis on longe le fond d’Arcata Bay. En ce dimanche matin hivernal, il n’y a pas un chat, et l’ambiance nous paraît joyeusement tristoune. Les nuages gris se mêlent au brouillard. L’ambiance est fraîche et humide. On fait une pause sur une longue plage de sable noir. Pour seul bruit : les vagues qui grondent.
Redwood National Park Stop au visitor center. Il n’y a pas foule. L’avantage de ce parc national, c’est qu’il est gratuit. Et ça tombe bien : notre Pass des parcs rigole à la maison. On décide d’emprunter une des routes scéniques du parc : Newton B. Drury Scenic Parkway. La mousse pousse sur la route. Les séquoias sont partout, gigantesques. On ressemble à des Minis Pouces à côté.
Fern Canyon C’est notre objectif-rando de la journée. Avec notre voiturette (dont le niveau bas d’essence nous fait frémir), on s’engage dans un chemin de terre tortueux en pleine forêt. Plus loin, une petite surprise à laquelle on ne s’attend pas : deux guets à passer. On se lance avec notre mini-voiture ; heureusement, on s’en sort ! Décor du film Jurassic Park 2, Fern Canyon nous offre une balade distrayante, les pieds dans l’eau et la tête dans les fougères. Ce jour-là, on a croisé pas mal de wapitis !
Patricks Point State Park Le soleil faiblit déjà quand on fait un saut à Patricks Point. Les panoramas du parc sur la mer sont très beaux. On croise des surfeurs qui campent dans le parc ce week-end-là, gros pulls en laine et bonnets vissés sur la tête. On leur tire notre chapeau bas !
Trinidad Le phare de Trinidad, petit village côtier sans histoires, est archi-minuscule. On ne peut pas accéder au vrai phare, mais on peut en voir une reproduction. On s’arrête au supermarché du coin pour acheter un bout à grignoter. L’après-midi touche à sa fin et on n’a même pas encore mangé : contrairement au reste de la Californie, dans le Nord, les restos sur la route ne sont pas légion.
Eureka Avant de rentrer à notre motel, on fait une pause dans cette (relativement) grosse ville du coin. L’architecture est différente de celle qu’on n’a l’habitude de voir : plus élancée, plus ouverte sur l’extérieur, plus basée sur la brique, aussi. On est séduits. Malheureusement, en ce soir de dimanche, on se casse le nez devant les enseignes fermées. Curieux : on est comme les seuls rescapés de cette ville déserte.
Ferndale Au vu des descriptions qu’on avait lues à son sujet, Ferndale avait tout pour ressembler à un village de poupée un-peu-trop-beau-pour-être-vrai. C’est un village rural exceptionnellement bien préservé. Il est resté dans son jus, loin de tous artifices. On n’avait encore jamais vu un village comme ça en Californie. Un vrai coup de coeur.
Avenue of the Giants Le soleil s’est réveillé et perce entre les arbres immenses. En redescendant vers le Sud, on emprunte l’incontournable route scénique du Humboldt Redwoods SP : l’Avenue des Géants. Encore une fois, on est cernés par les séquoias. On fait des petites pauses le long de la Eel River. Les feuilles jaunes de l’automne tombent lentement des arbres.
Notre curiosité nous guide dans une de ces petites échoppes kitsches qu’on avait croisées à l’aller : Legend of Bigfoot. Le patron de la boutique est super gentil. On craque en lui achetant une carte de la Californie pour découvrir les chemins de Big Foot (c’est sûr, comme ça, on va le trouver).
A Leggett, on s’embarque pour la route 1, direction le Pacifique. On traverse en épingles un gros massif forestier. Après plus d’une heure de virages serrés, on tombe assez soudainement sur le littoral. On retrouve des petits airs de Big Sur, les arbres en plus. Vraiment très joli.
Fort Bragg Plus d’animation que dans nos étapes précédentes. Un chemin vélo/piéton est en cours de construction le long du littoral. Les gens en profitent pour venir humer l’air de la mer. On s’approche des falaises. L’écume des vagues crée une ambiance énigmatique magnétique. On se met en quête de l’attraction du coin : la Glass Beach, une plage de verre poli (héritée de la pollution humaine).
Point Cabrillo Lightouse Assez rare sur la côte californienne : ce phare fonctionne encore de manière traditionnelle. Sa lentille est encore en place. On arrive à ce phare en fin de journée, sans savoir qu’on allait pouvoir assister à son éclairage. Le coucher du soleil, les vagues, les oiseaux, la lumière du phare qui se projette en balayant les environs, c’était assez magique. On était parmi les derniers à quitter le parc quand la nuit est tombée.
Mendocino C’est un village de pêcheurs qui est devenu un lieu de villégiature de choix pour les gens de la San Francisco Bay Area. Résultante : les prix sont aussi salés que l’air de la mer. Il y a quelques bonnes tables réputées. On a testé le Mendocino Café pour dîner. Poissons et vins locaux. Pas mal du tout.
On a adoré notre petite chambre avec papier peint à fleurs au Didjeridoo Inn (photo ci-dessous). Une ambiance « comme chez mémé » en plus folklo. Le matin, le patron réunit ses hôtes autour d’un petit déj’ de folie (le bacon aux noix de pécan restera à jamais dans nos mémoires). Il nous raconte ses aventures de pêcheur d’ormeaux et de pousseur de marijuana reconverti (l’usage du cannabis thérapeutique est légal en Californie et la culture de marijuana est très répandue dans le Nord). De quoi se plonger dans le bain local…
Van Damme State Park On est allés marcher dans ce parc pour découvrir un autre canyon verdoyant, encore appelé Fern Canyon. « Have you seen the Fern Guy (l’homme des fougères)? », que nous demande de l’air le plus naturel du monde une petite dame à l’accent britannique. Non, mais on a trouvé le peuple des champignons le plus développé qu’on n’ait jamais vu auparavant !
Russian Gulch State Park Même sous le ciel gris, l’eau revêt des couleurs incroyables – vert, turquoise ou bleu profond. On s’amuse à compter les grottes creusées par la mer dans les falaises.
Point Arena Lightouse C’est un phare de 10 étages construit sur un bout de terre entouré de récifs, pile à côté de la faille San Andreas. Il a subi le gros tremblement de terre de 1906. Son gardien qui était dedans à ce moment-là a eu la peur de sa vie… Il a été reconstruit deux ans plus tard. On peut monter jusqu’en haut pour voir la vue. Assez chouette pour profiter du littoral.
Fort Ross State Historic Park Pas de chance. Le parc était fermé le jour où on y est passés. C’est une reconstruction d’un ancien village fortifié en bois, édifié au 19ème siècle par des Russes et des natifs d’Alaska pour y développer un commerce autour des loutres. La forteresse est imprenable : on n’a pas pu entrer dedans.
Sonoma Coast Plus vers le Sud, en continuant sur la route 1, on tombe ensuite sur la Sonoma Coast. On s’arrête au Vista Point pour pique-niquer. Encore une fois, on est seuls. La vue rien que pour nous. Et le littoral ciselé qui s’étend devant nous.
Bodega Bay On file plus loin encore sur la côte, à la découverte des spots du tournage du film d’Hitchcock, Les Oiseaux. Sous le ciel gris, la baie nous paraît aussi désenchantée que dans le film. Mais les oiseaux ont l’air nettement plus sympa quand même. Dans les terres, trônent fièrement l’église blanche et l’ancienne école du village – décors du film. « Have you shot your action scene? », nous demande en chemin un autre Britannique (ils ont la palme de l’humour). Derrière la barrière de l’ancienne école aujourd’hui habitée, deux clébards nous regardent de travers. On décampe vite fait.
On reprend la direction de la 101, vers Petaluma. Pendant un moment, on traverse de grandes étendues agricoles avec d’énormes troupeaux de vaches – certainement la réserve laitière de toute la San Francisco Bay Area. Pas très jojo. Les paysages se sont desséchés. Les arbres ont disparu. On retombe sur les couleurs dorées et argentées qu’on rencontre aussi vers Santa Cruz. C’est le moment de rentrer !
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