Notre quartier santa cruzien est synonyme d’absolue tranquillité. L’appart tremble bien, parfois. On a pour voisin un chien-loup qui hurle à chaque passage de sirènes. Autant vous dire que ça fait du bruit. Mais globalement, on a gagné en qualité de sommeil par rapport à Paris.
En cherchant l’endroit où nous installer à Santa Cruz, des locaux nous avait fait une typologie très précise de la ville. On a atterri dans le coin labellisé “it’s okay”, pas très loin du block étiqueté “do not live here – it is dangerous”. Mais soyons clairs : à part quelques histoires de chats égarés ou des démêlés entre écureuils, on n’a jamais vu l’ombre d’un danger. Quoique…
On vit quasi en centre-ville, à côté d’un community center. C’est certainement la seule chose qui empêche notre rue de tomber dans l’endormissement total. Car oui, les Etats-Unis, c’est ça : un quartier résidentiel de petite ville tranquille, ça ressemble à des enfilades de pavillons et de jardins proprets.
Il ne faut pas trop s’attendre à tomber sur un bistrot de quartier, un tabac-journaux ou une boulangerie. Au mieux, vous aurez une station à essence ou un Seven-Eleven à côté de chez vous, mais rarement des petits commerces de proximité. Les Américains sont habitués à prendre leur voiture pour aller faire les courses. L’organisation de la ville (et de la vie) est différente.
Heureusement, notre petit quartier tranquille a aussi son charme. Au niveau architectural, il n’est en rien comparable à ce qu’on connaissait avant. Le décor est totalement changé. Il est bourré de vieilles maisons victoriennes historiques, ou autres bicoques en bois colorées. Bien souvent, elles ont un jardin avant et arrière, et un porche pour s’asseoir devant sa maison. Mignon et agréable. Depuis qu’on vit en Californie, on s’est presque mis à rêver de vivre dans une maison comme ça, un jour.
La vie communautaire est un pilier de la société américaine. Pour eux, l’entraide au sein de la communauty, c’est le ciment social. C’est plus ou moins développé en fonction des endroits (grosses villes / petites villes) et des générations. Mais quand on est arrivés, on a bien senti ce côté-là. Les gens ont pris à coeur de nous accueillir et d’établir le contact. Tellement que je me suis demandée s’il fallait que je me la joue Bree dans Desperate Housewives et que j’apporte à tous les voisins un panier à ruban remplis de muffins. On sait pas toujours si on a tous les codes bien comme il faut.
Parce que oui, parfois, on a un peu l’impression de vivre dans Wisteria Lane, le quartier nickel où il se passe des trucs curieux.
Une petite grand-mère vient nous voir dans notre jardin parce qu’elle veut élucider la disparition des poulets du précédent locataire. Nos voisins nous invitent à prendre le café à 8h un matin de semaine, comme ça pour parler (douteux). Je sors dans la rue et je croise un monsieur souriant, marchant en jouant du pipeau. Un inconnu s’introduit librement chez nous alors que je suis sous la douche, parce que notre proprio l’a autorisé à entrer sous un prétexte bizarroïde.
Notre voisine disparaît des jours entiers – mais que fait-elle vraiment ? Un fracas effrayant se produit un après-midi : une énorme branche d’eucalyptus écrase de manière irrémédiable la voiture de la commère du quartier ; étrange : elle râlait toujours sur le fait que les gens étaient mal garés.
Une nuit, on se réveille avec des hurlements et des lumières de voiture de police. Mais quel est ce nouveau mystère à percer ? Santa Cruz, c’est ça : du calme, et un soupçon de saugrenu.
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