Aux Etats-Unis, il faut parfois bien chercher pour trouver dans les villes des preuves du passé. Pacific Avenue, la rue centrale de Santa Cruz, ressemble au monde merveilleux de Mickey, avec ses trottoirs proprets, et ses boutiques et restaurants en série. On ne soupçonnerait pas que non loin de là, se cachent des pierres vieilles de deux siècles. Du centre actuel de Santa Cruz, on peut pourtant lever les yeux, et apercevoir Mission Hill, la colline sur laquelle se dressent ces vestiges. Notre Lonely Planet ne mentionnait pas cet endroit insolite, et on l’a découvert… par hasard.
Mission Plaza
Une place couvre le haut de la colline historique de la ville : Mission Plaza. On y accède par Mission Street (justement). Le centre historique est aujourd’hui un quartier résidentiel, un peu à l’écart du reste de la ville. L’ambiance est toujours très calme.
Au-delà de la place, on tombe sur l’église Holy Cross (en espagnol, on vous le donne dans le mille, ça se dit… Santa Cruz). C’est une église gothique, toute de briques construite, en 1889. Elle a remplacé la première église de la mission, Adobe Church. Cette dernière s’était effondrée en 1857, ayant souffert de nombreux séismes. En mémoire de la mission, les Santa Cruziens ont édifié en 1891 un arc en granite juste devant l’église (un peu tristoune).
L’intérieur de l’église est joliment décoré. Il n’est pas ouvert à la visite, mais des artefacts ont été installés dans une chapelle de style hispanique, ouverte au public, à proximité.
Santa Cruz Mission State Historic Park
De la place, part à la perpendiculaire la School Street. Au bout de cette rue se cache le plus vieux bâtiment de Santa Cruz témoignant de la mission espagnole. Très simple d’allure, cette vieille bâtisse a été restaurée pour restituer l’histoire des 8 générations qui s’y sont succédé. L’exposition est assez bien faite, le parcours n’est pas long, on n’a pas le temps de s’ennuyer.
La mission Santa Cruz a été initiée en 1791. Elle avait d’abord été implantée sur les bords de la rivière San Lorenzo, qui traverse la ville actuelle. Elle a été déplacée l’année suivante sur un point en hauteur pour se protéger des inondations. A sa fermeture, quarante ans plus tard, la mission comptait une trentaine d’édifices. Le bâtiment qui subsiste a été érigé entre 1822 et 1824.
Une mission, c’était le symbole de la colonisation chrétienne par excellence. En s’emparant de l’Ouest américain, les Espagnols ont structuré leur organisation territoriale selon 3 types de mini-cités :
- les missions, dont le but était de christianiser et « civiliser » les Indiens. En Californie, il y en avait une vingtaine, la plus vieille étant celle de San Diego, en 1769.
- les presidios, des établissements militaires. Il y en avait un à San Francisco.
- les pueblos, des communautés civiles agricoles. Vous vous en souvenez ? On avait visité celui de Los Angeles, très chouette.
Des Indiens aux Californios
Avant la colonisation espagnole, environ 2 000 Indiens vivaient dans le comté de Santa Cruz. Répartis en diverses tribus (les Uypi, Chalotaca, Sayante…), ils partageaient une culture proche : la culture Ohlone. Les saisons rythmaient leur vie. Une fois intégrée la mission chrétienne, un nouveau rythme leur était imposé : celui des cloches. Les colons avaient mis en place une communauté auto-suffisante qui reposait sur les travaux des Indiens en matière d’agriculture, d’élevage et d’artisanat. Etaient nommés « néophytes » les Indiens qui venaient de rejoindre la mission. Le musée reproduit ce qui a pu être l’habitat des Indiens dans les bâtisses de la mission.
Au bout de vingt ans, la plupart des Ohlones du coin avaient intégré la mission, et étaient… morts, à cause des maladies européennes contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés. Les missionnaires sont allés chercher de la main d’oeuvre plus loin dans les terres. Certains Indiens restés libres (ou s’étant enfuis) lançaient des raids sur les missions, ce qui faisaient l’objet de représailles des colons. La mission de Santa Cruz a fermé en 1834. Ses terres ont été redistribuées à des personnes bien placées. En 1877, un seul Ohlone était devenu propriétaire dans le comté de Santa Cruz… d’un acre. Les Indiens habitant dans la mission ont laisser leur place aux
Californios (les premiers descendants de Mexicains à être nés en Californie). On peut voir dans le musée une reproduction de l’intérieur de ces derniers.
Pour ne rien gâcher, l’endroit nous gratifie d’aperçus du centre actuel de Santa Cruz, notamment sur l’horloge de la ville, qui date elle de 1900. Assez sympa !
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