Alors on est passés à Salt Lake City. On y bouclait notre road trip dans l’Ouest. On n’a pas eu le temps de visiter à fond, d’approcher les abris anti-atomiques des Mormons (où ils recueillent leurs encyclopédies généalogiques) ou d’aller flotter sur le lac de sel. On est arrivés par l’Interstate 15. C’était la folie. Sur la cinq voie, les automobilistes fonçaient de manière insensée, direction shopping du samedi. Trublion s’accrochait au volant, moi au tableau de bord. En toile de fond les montagnes observaient ça d’un oeil serein. Episode étrange.

SLC Inside

Arrivés dans le centre-ville, tout se calme soudain. Il n’y a plus personne dans les rues (aux USA, on a beau chercher des villes où on croise des piétons, on est souvent les seuls à marcher des blocks et des blocks sans croiser personne). Il fait lourd, à peu près 40°C à l’ombre. Après la nature, les canyons, l’air de l’immense, on étouffe. On veut se consoler avec une bière fraîche. On se rappelle qu’on est chez les Mormons, et qu’il va certainement falloir se rabattre sur un soda. On se perd dans un vaste centre-commercial vitré ultra-climatisé (mais ouvert sur l’extérieur, allez comprendre pourquoi).

Tout est nickel, lustré, poli. On a encore de la poussière rouge du grand Ouest sur les poils de bras. On ressort de là avec un litre de soda chacun, en réalisant qu’on a eu la soif plus grande que le gosier. Et histoire de partir moins bête de cette ville atypique de l’Utah, on part à la recherche d’un bout de culture mormone. Ca nous intrigue, quand même.

Temple Square (MormonTown)

On entre (discrètement) dans Temple Square. On se fait petits, on craint de se faire alpaguer par des Mormons souhaitant nous communiquer leur foi, mais on circule tranquillement. En plein coeur de la ville, Temple Square, c’est un peu MormonTown, avec temple, musée, bibliothèque et bâtiments administratifs dédiés à l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (c’est comme ça que s’appelle l’Eglise mormone – LBS Church en anglais).

Les édifices sont lisses, carrés (ou bien arrondi pour le Tabernacle). Il y a des statues de Joseph Smith partout – le fondateur de la croyance mormone. Gazon vert, parterres de fleurs parfaites à gogo, fontaine et cascades d’eau proprettes. Si on veut nous faire croire au Jardin d’Eden, ça ne prend pas, on est pas vraiment fan de ce genre de cadre hygiéniste, et on revient des parcs nationaux, on a vu plus fantastique.

Une ville à facette unique ou pas ?

Salt Lake City respire la ville propre et prospère. On comprend pourquoi elle a réussi à faire venir les Jeux Olympiques d’Hiver en 2002. La LDS Church est riche, elle a même son école de commerce. Salt Lake City a un aéroport international, un parc hôtelier gigantesque et de qualité (on a dormi dans une suite quatre étoiles au Marriot pour la modique somme de 80 dollars). C’est le centre névralgique pour les touristes de passage en Utah et/ou les amateurs de ski. La ville doit probablement changer de visage en hiver.

En attendant le tramway, un jeune mormon en cravate nous salue ostensiblement d’un sourire bright. Des jeunes au look « gangsta latino » s’assoient à côté de nous, ils nous observent un peu, l’air de rien, on est presque étonnés de les voir dans ce décor. SLC est aujourd’hui moins uniforme qu’elle n’était, il paraît. Ses activités industrielles et commerciales favorisent une mixité sociale nouvelle. D’ici 2050, certains estiment que les Mormons ne seront plus la communauté religieuse majoritaire de la ville.