Bacalan et son âme
J’ai toujours visualisé à une brandade en pensant à Bacalan. Comme il y a beaucoup de familles d’origine portugaise à Bordeaux, il est tentant de croire que le nom de ce quartier viendrait de bacalhau – morue en portugais. De nombreux gens font cette erreur, apparemment. Wikipedia la dément : l’héritage remonte au 17ème siècle, dans une illustre famille nommée « de Bacalan ».
Quand on se balade à Bacalan, on sent un bon vent de quartier populaire. Mes rencontres de rue avec des vieilles dames enthousiastes* ne pourront contrarier cette idée. Mon dernier passage devant la cave de la rue Blanqui non plus. On peut dire que ce quartier a une âme sans forcer le trait.
A Bacalan, il y a encore un peu d’accent local qui traîne, des friches, des chemins de terre, des maisons abandonnées, des rives du fleuve non aménagées. Rendez-vous Cité Tirepoix ou sur les berges de la Garonne au pied du pont d’Aquitaine : le temps a pris son envol.
Il y a des pépites qui lui insufflent une énergie étrange et alléchante : le Garage moderne et les Vivres de l’art. Le premier, un atelier de réparation de vélo et d’auto collaboratif, s’est installé en 2003 dans un bâtiment industriel. L’autre, un lieu artistique, a pris place en 2008 dans les anciens abattoirs de la Marine de Bordeaux. J’ai vu une pièce de théâtre au milieu du bric-à-brac du Garage moderne, une fois. C’était différent, mystérieux, exaltant. Je ressens la même chose en regardant les sculptures alambiquées des Vivres de l’art.
Une autre chose marque : le cliquetis des constructions, les lignes des grues dans le ciel. Du côté du Bassin à flots, des milliers de logements sont en construction. Le quartier est en totale reconversion. Sa population devrait doubler dans les années à venir. Il suit l’évolution incroyable de Bordeaux de ces deux dernières décennies – qui devrait se prolonger dans la décennie à venir.
Bacalan est originellement un coin ouvrier. Des maisons basses, des sites industriels imposants. Les hommes défilaient en bleu de travail. La zone d’activités Achard, en bord de fleuve, témoigne de ce passé. Une petite plaque dorée apposée sur un mur nous apprend que jusque dans les années 80, il y avait là les raffineries de sucre de Bordeaux. Dans la même rue, on trouve le guilleret Bar de la Marine et son jardin-ginguette.
Le quartier bacalanais est très différent du reste de Bordeaux. Peut-être du fait de sa position géographique, tout au nord de la ville, coincé derrière le bassin à flots, coiffé par le Pont d’Aquitaine. Le tram B y passe aujourd’hui. Les projets de construction changeront sans doute sa face. J’espère que des bouts de friche tiendront.
La Cité du Vin et les Halles de Bacalan sont aux avant-portes du quartier. Deux lieux géniaux pour les amateurs de vin et les foodies. Ils se font face. Flambant neufs. Tout beaux. J’avoue avoir été séduite par les Halles de Bacalan, après avoir sondé mon entourage à l’avis plutôt mitigé. Les corners gourmands et les grandes tables en bois me rappelent certains lieux gourmets (et hipster) de San Francisco.
J’ai pris les photos de ce billet un jour de soleil. Je n’ai pas croisé grand monde. Je ressemble à une touriste quand je sors mon appareil photo dans les rues de Bordeaux.
Aux abords du Bassin à flot, j’ai croisé un type en short avec un appareil au cou comme moi. Un vrai touriste. Puis j’ai entendu parler anglais. Il y a des Japonais, des Américains, des Hongrois qui s’aventurent jusque là. Un quartier qui n’était vu que comme une banlieue, une enclave. Avoisinant, périphérique, lointain.
Bacalan est désormais un lieu de voyage.
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Très bel article sur un quartier très original et très sympa. En même temps y’a une rue Blanqui ça ne peut être qu’un quartier sympa ! 🙂
Merci beaucoup Poppy ! Pourquoi ? les rues Blanqui sont toujours sympa ? ^_^
Je suis une grande admiratrice de Blanqui du coup je trouve sympa tout ce qui se rattache à lui 🙂 même une rue 🙂