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Je teste : chercher un travail aux USA

Quand j’ai débarqué en Californie, je me suis embarquée dans une autre aventure : celle de chercher un emploi. Les lecteurs assidus de notre blog s’en souviendront. Depuis, je n’ai pas osé en reparler. Envie de partager une bonne nouvelle, de donner un retour d’expériences positif… Oui, l’autorisation de travail, je l’ai eue. Par contre, le travail, pas encore. Succès ou échec, tant pis : aujourd’hui, je vous partage mes aventures. Cela peut être constructif pour d’autres personnes en quête de témoignages, non ?


Autorisation de travail : souvenirs mythiques

2013 Sitôt arrivée à Santa Cruz, j’ai pris à bras le corps une nouvelle démarche administrative (ô joie) : demander une autorisation de travail. Une lettre de motivation d’independant woman, des démêlés avec les unités centimètres/pouces (rapport au format des photos), une bonne dose d’acculturation sur la Poste américaine, et j’envoyais sous pli tous mes documents. Quelques semaines plus tard, j’étais convoquée. Par les services de l’immigration. J’avais rendez-vous dans un coin paumé, au fin fond d’un centre commercial à Salinas (la pampa). Autant vous dire que je faisais pas trop la maline.

Mission commando Je passe une heure à conduire en me répétant façon GPS le trajet appris par coeur et en me remémorant les images « street view » de Google Maps. J’arrive à bon port (une heure en avance) (les messieurs sur le papier, ils me disaient que si je loupais le RDV, c’était fini, adieu l’autorisation) (heureusement, il y avait un Macy’s dans le coin pour m’occuper) (Macy’s, c’est un peu les Galeries Farfouillettes américaines) (version « pampa » ce Macy’s là). Je serpente entre les cafetières et à l’heure fixée, j’entre dans le centre d’immigration. J’avais observé l’entrée, à l’affût dans la voiture. Les mouches voletaient, personne n’y rentrait, ça paraissait louche.

Un hangar géant Voilà où je me retrouve. Vraiment surprenant. Pour hall d’accueil, une table plantée au milieu et une quarantaine de chaises d’attente en rangs d’oignons. Vides, les chaises. Je m’attendais à retrouver plein de copains immigrés venus pour leurs papiers. Et non, j’étais seule là avec une dame latino-américaine accompagnée de deux compères-traducteurs. La policière d’accueil me donne une fiche d’identité à remplir. Point d’étonnement, auquel il faut s’habituer vite aux Etats-Unis : on me demande mon origine ethnique (euh, d’accord, rassurez-moi, aucun monsieur avec des idées bizarres ne récupère les données, hein ?). Même pas le temps de m’asseoir, et je me retrouve photographiée de la tête et des doigts (« – ah en fait, la base a déjà vos empreintes digitales » « – euh oui »). Je repars. Et commence la vraie attente : celle de l’autorisation.

On change d’adresse Je prie pour que le courrier ne se perde pas. Et par un beau jour précédant Noël, je reçois mon cadeau du Santa Claus de l’Amérique : ma carte de travail. La carte de travail, elle vous munit de supers pouvoirs, c’est le sésame administratif. Quand vous allez devant une autre administration, et que vous dites « j’ai ma carte de travail », les gens se détendent tout de suite (test n°1 : à la sécurité sociale) (test n°2 : au DMV, pour le permis de conduire – même que grâce à elle, l’employée a failli me donner mon permis sans que j’ai à le passer) (même que Trublion est jaloux) (même que du coup, il m’a dénoncée au DMV pour que je passe vraiment mon permis). Enfin, il y a bien une chose qu’on n’a pas avec la carte de travail : c’est LE travail.


Mission recherche

Je me suis lancée dans la quête du best job in the world d’un job aux US. Mon objectif est simple, mais réduit mon champ d’investigation : trouver une opportunité qui donne une continuité à mon parcours (dans la communication institutionnelle). Très vite, deux principes de réalité se sont imposés :
  • Se trouver dans un bassin d’emploi limité. Santa Cruz, c’est près de la Silicon Valley, mais ce n’est pas dans la Silicon Valley. Les offres ne sont pas pléthoriques. Quand je suis arrivée, j’ai vu deux offres qui me correspondaient bien – un bon présage, me suis-je dit. Sauf que je n’ai pas eu mon autorisation de travail à temps. Depuis janvier, j’ai dû faire preuve de patience.
  • Faire un métier très lié à la langue. En com, il faut maîtriser à 100% la langue : impossible de laisser passer une erreur de syntaxe ou d’orthographe. Alors je filtre les annonces. Je me suis abonnée à des flux proposent des boulots liés à la compétence linguistique française (pas forcément recherchée, faut le dire).

Pour autant, je persévère, et je recherche.


Mode d’emploi :
  1. Mettre en place sa veille d’offres d’emploi. On trouve pas mal de sites dédiés. Craigslist et LinkedIn restent des incontournables.
  2. Refaire son CV. Le résumé américain répond à des codes différents : pas de photo pour lutter contre les discriminations (ce qui n’empêche pas que pour postuler en ligne, on vous demandera parfois votre origine), compétences listées dès le début (une bonne façon de se valoriser, dont on pourrait s’inspirer pour des CV français), prix et distinctions reçus, valorisation des accomplissements (il faut vraiment se vendre).
  3. Mettre à jour son profil sur LinkedIn : location géographique, mots-clés en anglais concernant votre métier et vos compétences, objectif à renseigner. En plus d’être visible des recruteurs éventuels, cela permet de faire directement des recherches d’emplois sur le site et de recevoir des mails d’alertes.
  4. Réseauter. Un vrai défi quand on a pas de réseau local pré-existant. Dans une grosse ville, il peut y avoir des « meet up » intéressants ou des rencontres organisées par la Chambre du commerce franco-américaine. Dans une plus petite ville, ce n’est pas forcément le cas. J’ai bien envoyé un mail à la Chambre de San Francisco (aucun retour). Vous pouvez toujours essayer de proposer aux quelques contacts que vous avez de faire circuler votre CV. Dans mon cas, cela n’avait généré qu’une proposition de stage (euh, non merci les amis).
  5. Candidater. Une annonce intéressante ? Hop, le CV peut partir. Mais auparavant, il y a l’exercice de la cover letter (l’exécrable lettre de candidature). Là encore, il faut accrocher, se vendre et se distinguer ! Dès que je le peux, je me contente d’un mail synthétique. Pour ma dernière candidature, je n’ai pas pu contourner la cover letter. J’ai tenté d’en rédiger une qui sorte de l’ordinaire. Pas toujours facile, car en sortant de l’ordinaire, il faut veiller à ne pas trop en faire et tomber à côté de la plaque. On verra bien ce que cela donne.
  6. Pousser et relancer. Quand c’est possible, car les annonces ne donnent pas toujours de contact direct, et les investigations pour identifier la bonne personne ne débouchent pas toujours.
  7. Se préparer à l’entretien. Sur YouTube, j’ai trouvé des vidéos bien faites, vraiment utiles pour se mettre dans le bain et travailler l’oral, dont la chaîne rigolote des Interview Guys.

Si vous avez des conseils ou astuces, je suis preneuse !

Bilan ?

(ça n’a pas marché)
Alors, ça donne quoi ? Mon bilan en 6 mois : pour l’instant, nada. Enfin si, un peu d’action quand même :
  • 2 candidatures pour des postes en bureau : 1 restée lettre-morte et 1 en cours (croisez les doigts pour moi)
  • 1 candidature pour un poste en télétravail : 3 mois d’attente et enfin 1 réponse pour me dire que je suis shortlistée (affaire à suivre)
  • 2 mini-candidatures pour des missions freelance : 2 « failed »

L’emploi à Santa Cruz, ces offres inattendues Depuis que je suis en veille, j’ai eu quelques surprises rigolotes. La dernière est la plus mémorable : celle d’une compagnie de produits à base de cannabis, insistant sur son positionnement « qualité ». Il faut le savoir : en Californie, son usage thérapeutique est autorisé. Pour une première expérience américaine, je me suis dit que cela ne ferait pas très sérieux 😉

Le télétravail, piste à explorer Quand on est en phase d’intégration dans un environnement nouveau, ce n’est pas forcément attrayant de se dire qu’on va travailler de chez soi. Dans mes précédentes expériences, l’interaction avec des collègues a toujours été capitale pour échanger, innover en collectif, se stimuler les uns les autres. Mais le travail à distance reste une bonne solution pour s’extraire d’un îlot d’emploi.

Le freelance, cette fausse bonne idée Un moment, j’ai essayé de proposer mes services en freelance aux Etats-Unis, pour de la traduction EN/FR par exemple. J’ai créé mon profil sur Elance, sur Guru et oDesk. Et là, j’ai découvert une concurrence internationale féroce. Oui, il y a des gens qui demandent des services « gratuits » (ou presque). Et oui, il y a des gens pour proposer leurs services. Il faut vraiment fouiller pour trouver des annonces intéressantes, être très persévérant ou avoir un portefeuille de clients existant. Le freelance ne s’improvise pas. Si rien ne marche aux US, je réfléchis éventuellement à me tourner vers du freelance pour la France… On verra.

Le petit ouvrier du clic, cette carrément mauvaise idée En cherchant comment télétravailler, je suis tombée sur Amazon Mechanical Turk. Le principe est simple : vous vous transformez en petit cliqueur prêt-à-tout, et vous y allez du clic. Vous choisissez votre mission : découper électroniquement des images d’avions, transcrire des passages audios, analyser les résultats d’une requête Google. C’est méga-rébarbatif. Cela ne paye pas un kopeck. Vous n’avez aucun moyen de comprendre quels objectifs vous servez. En musique de fond, vous vient la voix off d’Envoyé Spécial sur ces cliqueurs pakistanais payés pour liker des pages Facebook. Bref, je n’ai pas donné suite à cette expérience surréaliste.

La césure, cette alléchante position Oui, faire une césure professionnelle, c’est chouette. C’est stimulant pour sa créativité et son développement personnel. Au bout de 7 ans et demi de travail à Paris, avec de longues phases très intenses, ça me fait du bien. Appréhender de nouveaux horizons et prendre du recul sur ses expériences passées, c’est constructif. Reste à définir ses objectifs et à trouver le bon équilibre au quotidien. Pas toujours confortable d’être dans cette situation en attente du « rebond ». L’essentiel, c’est de relativiser, et surtout de continuer à voir les côtés enrichissants de l’expérience.


C’est inattendu, mais au bout de 8 mois de coupure, mon métier commence à me manquer. Je me surprends à rêver très régulièrement de mes anciens boulots. Je tique quand j’essaye de me projeter sur des jobs différents. Finalement, c’est la meilleure révélation que j’ai eue en partant aux Etats-Unis : j’aime vraiment mon métier. J’aurai peut-être l’occasion de vous faire part de la suite de mes aventures… J’espère en tout cas !
Affaire à suivre 😉
Magouille

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