đź’Ś Lettre Ă toi : ce que je veux savoir
Je me parle beaucoup Ă voix haute. Toute seule. J’ai un châle, une addiction aux tisanes. Je devrais me mĂ©fier. J’aurai bientĂ´t sept chats. Parler dans le vide ne me dĂ©range pas tant que ça. Est-ce pour ça que j’arrive Ă bloguer ?
Ecrire un billet de blog, c’est jeter une bouteille Ă la mer. On ne sait pas si elle va couler ou si elle atteindra une autre contrĂ©e. On l’encapsule, la pose sur des vaguelettes et la regarde voguer. Avec une incertitude certaine.
Lecteur.rice, me liras-tu ?
Si tu as atteint cette ligne, tu as dĂ©bouchĂ© la bouteille 🌊 Tu es bien lĂ . Tu lis ces lignes. Je ne suis pas seule. Tu n’es pas seul.e. On peut se faire un câlin numĂ©rique.
Cette lettre est pour toi. Tu atterris, tu rebondis, tu reviens, tu t’envoles à tout jamais. Le vent l’emporte. Mais moi, je veux te connaître. Qui es-tu ? Que fais-tu ? Pourquoi es-tu là ? Quelle est ta couleur préférée ?
Est-ce que tu préfères les chiens ou les chats, les sushis ou les pizzas, les slips kangourous ou les strings léopards ? Quel est le dernier livre que tu as lu, la dernière série que tu as vue, la dernière musique que tu as entendue ? As-tu déjà fait des séances de spiritisme ? T’es-tu jeté.e dans le vide ? Quel est ton rêve le plus fou ?
Es-tu bien quand tu lis mes lignes ? Tu ris, souris, sous-ris ? Tu scrolles ou tu trolles ? Qu’est-ce que tu veux voir ici ? Quelque chose de drĂ´le, de sagace ? Et qu’est-ce que tu aurais envie de me dire lĂ -maintenant-tout de suite ?
OĂą vis-tu ? Sur Terre ? Sur une autre planète ? Es-tu un humain, seulement ? Un robot du Web qui scanne des pages entières sans rĂ©pit ? Montons un front de libĂ©ration des bots – mettons fin Ă cette tyrannie.
Je peux t’aider, te comprendre, tu sais.
J’Ă©cris en pensant Ă toi. Je t’ouvre mon coeur mĂŞme si on ne se connaĂ®t pas. Enfin pas tant que ça. Je blogue par goĂ»t, par utopie. Par folie aussi.
C’est sĂ»r : un emoji ne comblera jamais cet espace entre nous les humains, cet espace qui s’agrandit ou se rĂ©trĂ©cit avec les technologies (c’est selon). Ce blog est un château de cartes, un recoin de la matrice, un non-lieu que j’essaie de construire, de rendre joli et magique.
J’aimerais qu’il soit le chocolat qui accompagne ton cafĂ©. Le rayon qui adoucit la lumière bleue de ton Ă©cran. Le chamallow que tu auras envie de griller dans un lieu sauvage et secret.
Pourtant, tu aurais raison de douter de mes bonnes intentions. Quand j’Ă©cris, je ne pense pas toujours Ă toi.
Je dois ĂŞtre honnĂŞte. Je pense Ă moi. Mes expĂ©riences, mes envies, mes aspirations. Je pense Ă manoze83. Ma première lectrice. Hier, elle aurait eu 35 ans. On aurait soufflĂ© ensemble ses bougies, vacillĂ©, ri, pleurĂ©, comme Ă ses 25 ans. J’aurais tant de choses Ă lui dire. Quand j’Ă©cris, c’est pour elle aussi.
Bien-sĂ»r, je pense Ă toi. Quand je rature, je me censure, je dĂ©clenche ou je publie. Je ne cesse de me demander : est-ce utile ? Est-ce que j’apporte de l’Ă©motion, de l’information, de l’Ă©vasion, de l’inspiration ? Au moins un brin ? Je pense Ă toi. Peut-ĂŞtre mal, peut-ĂŞtre pas assez. Mais je ne t’oublie pas. N’en doute pas.
Le comble d’un blog, c’est de parler de soi pour parler aux autres. Pour tracer un trait d’union, il faut d’abord faire un point, partir de soi. Enfin, je crois. Mon drame, ce serait d’ĂŞtre perçue comme une ego-tripeuse. RĂ©gulièrement, je me questionne. Pour toi, ton bien, notre bien Ă nous deux.
Mais qui es-tu, vraiment ?
Un organisme unicellulaire qui émet un son basse-fréquence ?
❤