Septembre à Bordeaux
J’ai rêvé d’un septembre à Bordeaux lumineux et doré. J’ai rêvé de l’été qui s’étend, qui s’étire, qui traîne encore un peu. J’ai rêvé des derniers apéros, des soirées guinguettes, des rires en terrasse. J’ai rêvé des derniers week-ends sur le sable encore chaud. J'ai rêvé...
Profiter du mois de septembre bordelais était inscrit dans ma to do list de la rentrée en bullet point convenu et facile à réaliser. L’an dernier, à la même période, je ressemblais à une enclume en robe à fleurs H&M (rayon « future maman »). J’avais une revanche à prendre.
Quelque part dans l’été, une projection fantasmatique – non, une idée sûre – s’est formée dans mon esprit : septembre, c’est le plus beau mois de l’année à Bordeaux.
Tous les souvenirs de mon enfance, sous les platanes ensoleillés de la cour de récré, me parlaient. Le soleil qui traîne dans les parages. La mer chaude de l’été. Les virées à bicyclette. Les sandales qu’on noue encore à la cheville. Le bronzage qui dure (je suis pâle comme un astre).
J’ai pensé à tout ce que j’allais faire. Les derniers marchés, les dernières brocantes. Les festivals, les Journées du Patrimoine. A la douceur de l’été que j’allais pouvoir savourer. Au plein d’énergie et de soleil qui allait m’enivrer.
Et puis derrière le chant des oiseaux, le brouhaha des boulevards est monté.
La rentrée
La rentrée est arrivée. Cet instant formel et très officiel où l’excitation et l’angoisse se mêlent pour ne former qu’une boule dure et incompressible : une boule de nerfs. Un yoyo. Finis la digital detox et le farniente à base de far aux pruneaux.
Les affaires sont reparties. Cartable sur le dos, sac en bandoulière. Le noeud de la reprise, les tensions des séparations, les sourires pleins de promesse. De nouveau, penser à tout. De nouveau, surveiller la montre. De nouveau, chercher à trouver du temps.
La vie sédentaire et ses fracas ont repris. Tourner comme une hélice – j’ai trop de choses à faire. Remplir le tambour de la machine à laver – c’est le tonneau des Danaïdes, ce truc. Abattre les chantiers qui ont commencé à me lorgner d’un oeil fixe.
La rentrée, c’est le moment où mes envies et espoirs sont hauts comme le soleil au zénith. Mais c’est aussi le moment où l’aiguille du baromètre d’énergie retombe très vite à plat. Septembre, c’est le mois du sursis. La flamme vacille.
Les dernières heures de l’été
Les jours ont raccourci. Une feuille est tombée, puis deux. Une grue est passée, puis dix. Un monsieur a ouvert un parapluie « Mollat » bleu et blanc devant ma fenêtre. Tout semblait tomber à l’eau.
Je me suis mise à pourchasser un rêve, traquer une idée. A courir après le soleil, le guetter. Septembre et sa lumière si particulière. Son énergie. Sa ténacité. Ces rayons chauds et diffus de la fin de l’été. Ils vont revenir.
Je l’ai attendu de pied ferme. Et il est revenu, le soleil. J’ai mis mes sandales. (Et mon foulard à franges.) (Et mon gilet à grosses mailles.) Une heure plus tard, le ciel s’était grisé – et pas de joie. En revenant à la maison, je suis revenue à la raison. J’ai rangé mes sandales et mes combinaisons d’été. R.I.P.
Une chose me rassure : les grappes de raisin sont arrivées. Rubis ou argentées. Petites comme des micro-billes ou généreuses comme les Bacchanales. A nous de choisir la version qui nous plaît.
Hormis les anglicismes branchés, je vous lis avec plaisir.
Ah oui je reconnais ce léger penchant… Mais je me soigne !