📠 Machine à écrire : un amour naissant ?
J'ai essayé de remettre en route une machine à écrire séculaire. C'est une machine de famille, avec son histoire, qui ne marchait plus. Plutôt que de la garder à prendre la poussière en déco, j'ai voulu la remettre en vie.
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Remettre sur pied une machine ancienne est une aventure en soi. Je partais d’une situation compliquée. Comment faire refaire marcher une vieille machine quand on ne sait pas l’utiliser ? Dans mon cas, le cylindre pour enrouler le papier était bloqué. Je ne voyais pas trop comment m’y prendre. J’envisageais de remplacer le ruban à encre, dans un état délabré proche de la décomposition.
Un bon décrassage était indispensable. Je l’ai dépoussiérée, puis huilée. J’y suis allée à l’intuition. La prochaine fois, je ferai mes recherches sur le forum des amoureux des machines à écrire pour avoir des conseils, des vrais. D’ailleurs, j’ai décidé de le rejoindre. (Oui, il existe sur Internet un forum sur les machines à écrire).
La machine dans l’ordi
- Polices de machine à écrire : Mom’s Typewriter, Underwood Champion, Special Elite
- Bruitage : bruits de touches et d’espace
Aujourd’hui, les machines sont entrées dans nos ordis. Du la typographie au bruitage, on peut la reproduire sans l’avoir. Jusque là je ne m’étais jamais servie d’une machine (le fax 📠, j’ai fait ✔️). La sonnette qui retentit en fin de ligne était un bruit abstrait, entendu dans Arabesque.
Alerte-spoiler
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Si tu n’as pas vu ma vidéo, tout le suspense sera brisé 😉.
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La machine remarche. A ma très grande surprise, l’ancien ruban flétri imprime encore. Je suis allée à la fin d’une ligne et j’ai entendu : « cling ». J’ai entendu ce bruit en vrai : clair, vibrant, tintonnant. Des papillons se sont mis à voler dans la pièce. Sensations mystérieuses, incensées, inexplicables. Tout d’une passion s’est noué. Mais pourquoi, vraiment, ressent-on ce truc avec ces machines ?
Il y a quelque chose que n’ont pas le minitel ou le fax : le lien à l’écrit. Ce lien figé sur le papier, forgé par le relief des mots, matérialisé sous nos doigts.
La machine à écrire est resté un symbole fort de l’écriture, de l’art de l’écrivain, plutôt que du travail acharné des bataillons de dactylos — moins romantique. Les musées entretiennent cette image fabuleuse. Je me revois les yeux scotchés sur les machines vintage du Beat Museum de San Francisco. Pas sûr que Kerouac se baladait avec une machine sur le bras lors de ses voyages dingues, mais peu importe, ça fait partie du mythe.
Le clavier des machines à écrire est l’ancêtre du clavier des ordinateurs. Née à une époque où le Cloud et l’Apple Watch n’existaient pas, c’est une machine révolutionnaire : une machine de l’instantanéité. Est-ce ça qui nous séduit ?
Je n’ai pas validé le cliché des touches qui claquent sous les doigts. Le modèle que j’ai réparé n’en a pas. (Je n’ai plus qu’à commencer une collection pour assouvir cette envie 😅)
C’est une Mignon 4. Au début, son fonctionnement m’a déroutée. Comment marche ce truc ? Elle n’a pas de clavier, mais un index. Un stylet (comme une aiguille) permet de pointer vers la lettre à imprimer. Une tête cylindrique, avec son alphabet gravé, se met dans la bonne position. On appuie sur le bouton métallique de droite. La tête cylindrique s’abaisse sur le ruban à encre et imprime la lettre sur le papier. Voilà.
Petite histoire de la Mignon 4
En dépit de son nom très français, cette machine était produite à Berlin, en Allemagne, par AEG. Elle a été fabriquée de 1904 à 1934. Le premier modèle, le Mignon 2, a été lancée en 1905, tout d’abord en rouge, puis en noir. Le modèle que j’ai sous la main, le Mignon 4, a été fait dans l’entre-deux-guerre, entre 1923 et 1934. Il s’en est vendu 200 000, notamment en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis (avec des modèles différents pour chaque marché).
Elles étaient plus légères, moins chères à produire (et à acheter), car elles avaient moins de parties (adieu le clavier super lourd et encombrant). L’index et la tête cylindrique pouvaient être changés, si on voulait écrire dans d’autres langues ou avec des caractères spéciaux, comme en cyrillique. C’était pratique pour ceux qui avaient le besoin de pouvoir écrire dans plusieurs langues.
Sources : Typewriter Museum, Wiki
Ce n’est pas très très rapide… Il faut viser juste, le mécanisme n’est plus super fluide. Avec le coup de main, certains écrivaient 300 caractères par minute – information sans doute exagérée. Je doute que je ne puisse jamais atteindre une vitesse honorable.
Ma prochaine étape : avoir une expérience d’écriture avec. C’est-à-dire écrire autre chose que « coucou, ça va ? » Ecrire, quoi. Tu as déjà eu cette expérience, toi ?